Ian Davenport fait partie des artistes qui ont nourrit et nourrissent notre génération de Nouveaux Danseurs comme Faig Ahmed, Kennedy Yanko ou encore Yann Houri, déjà présentés dans les publications précédentes.
Le premier livre exposant l’évolution complète l’Oeuvre de Davenport, publié par Thames & Hudson en 2014, présente une introduction par Damien Hirst qui dès 1987 côtoyait l’artiste à Goldsmiths (Université de Londres). Dès ce moment Hirst ne cessa d’admirer le travail de Davenport. Ils font partie des Young British Artists, groupe emblématique fondé vers la fin des années 1980.
Connu pour ses « poured line », créées à partir du début du siècle, qu’il présente à travers le monde, Ian Davenport nous fait voyager entre deux eaux, dont les natures même s’opposent.
Les peintures de l’artiste évoluent sur plusieurs plans dimensionnels; la verticalité, l’horizontalité et la temporalité. On retrouve des similitudes dans certaines tapisseries de Faig Ahmed. Le passage de la ligne droite verticale, rappelant la grille emblème du modernisme, à la courbe fluide créer sur la surface horizontale, permise par l’écoulement du temps et de la matière sur la surface verticale nous questionne.
Notre perception du monde, de l’Espace et du Temps, notre point de vue limité d’êtres humains, semblent être évoqués dans les peintures de Ian Davenport. La matière devient outils et sujet, concept clé chez les Artistes de la Nouvelle Danse. Sortir du « cadre » et des dimensions connues afin d’explorer d’autres pans de la réalité permettent une fois de plus de faire de l’art un outil de questionnement et de recherche.
La ligne droite verticale se libère en courbes infinies à mesure que le temps passe. La peinture devient flexible, mouvante, presque dansante. La matière s’organise naturellement. Se serait elle libérée de certains carcans ? Le contraste des deux parties des poured ligne de Ian Davenport renvoie aux dichotomies présentes dans la nature, dans nos comportements, nos pensées, nos sociétés. Ici l’anatomie même de la peinture devient également dichotomique. Cependant cette étape intervient en seconde partie dans l’action du peintre. Point de division, mais un changement d’axe générant une opposition nette dans le fond et dans la forme. En effet, la partie horizontale dépend de l’acte inscrit dans la verticalité, elle en est sa distortion. Les deux dimensions sont intimement liées dans leur caractéristiques techniques; quantité et donc poids de la matière, densité et donc rapidité et entremêlement particulier.
«Le mouvement de la peinture m’intéresse vraiment, il s’agit de la façon dont vous contrôlez le fluide, mais aussi de la façon dont le liquide de la peinture crée des formes indépendamment. C’est une expérience visuelle assez inhabituelle. Je suis vraiment passionné par la peinture et les matériaux. » Ian Davenport
Si l’on revient sur le concept de grille (grid en anglais), comme emblème du modernisme dans la seconde moitié du 20ème siècle, il semble que Ian Davenport soit l’un des passeurs entre cet ancien monde et le nouveau, celui du 21ème siècle et ses Nouveaux Danseurs. Il est incontestable de remarquer l’Oeuvre précédente à celle de Ian Davenport; le travail de Morris Louis évidemment. Encore une fois nous observons que dans la Nature et l’histoire de l’art; « Rien ne se perd, rien de se créer, tout se transforme ».
IAN DAVENPORT (1966-)
Historical legacy
Ian Davenport is one of the artists which nurtures our generation of New Dancers such as Faig Ahmed, Kennedy Yanko or Yann Houri already presented in previous publications.
The first book exposing the complete evolution of Davenport’s Work, published by Thames & Hudson in 2014, features an introduction by Damien Hirst who in early 1987 worked with the artist at Goldsmiths (University of London). From that moment Hirst kept admiring Davenport’s work. They are part of the Young British Artists, an iconic group founded in the late 1980s.
Known for his « poured line » created since the new millenial, Ian Davenport takes us on a journey between two dimensions whose very natures are opposed.
The artist’s paintings evolve on several dimensional planes; verticality, horizontality and temporality. We find similarities in some tapestries by Faig Ahmed. The shift from the straight vertical line – reminiscent of the emblematic grid of modernism – to the fluid curves created on the horizontal surface – allowed by the flow of time and matter on the vertical surface- questions us.
Our perception of the world, Space and Time, our limited perspective as human beings, seem to be evoked in Ian Davenport’s paintings. The material becomes tools and subject, a key concept for the Artists of the New Dance. Getting out of the known « frame » and dimensions in order to explore other parts of reality once again makes art a tool for questioning and Research.
The vertical straight line breaks free in endless curves as time passes. The painting becomes flexible, moving, almost dancing. The Mater is naturally organized. Would she have free herself from certain shackles? The contrast of the two parts of Ian Davenport’s poured line refers to the dichotomies present in nature, in our behavior, our thoughts, our societies. Here the very anatomy of painting also becomes dichotomous. However, this step comes in the second part of the painter ’s act. No division but a change of axis generating a clear opposition in content and form. Indeed, the horizontal part depends on the act inscribed in the verticality, it is its distortion. The two dimensions are closely linked in their technical characteristics; quantity and therefore weight of the material, density and therefore speed and particular intertwining.
“I’m really interested in the movement of paint, it’s about how you control the fluid, but also how the liquid in the paint creates shapes independently. It’s a pretty unusual visual experience. I am really passionate about painting and materials. Ian Davenport
If we come back to the concept of the grid as an emblem of modernism in the second half of the 20th century, it seems that Ian Davenport is one of the smugglers between this « old world » and « the new world », the 21st century its New Dancers. It is indisputable to note the work preceding Ian Davenport; Morris Louis’ work of course. Again we observe that in Nature and the history of art; « Nothing is lost, nothing is created, everything is transformed ».
Elsa Duault