Biographie
Autodidacte fanatique de l’œuvre d’Yves Klein1, en 1985, il met au point le jaune de chrome no 2 qu’il baptise, en hommage à l’International Klein Blue, l’International Aurèle Yellow (IAY). Le brevet de la formule est déposé à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) quatre ans plus tard, en 1989. En 1986, il rencontre les Puissances populaires, des peintres de rue, Fred Kleinberg (Fred La Trace) et Mano Solo (Boredom).
Une nuit, au détour d’une avenue, il découvre une affiche placée au sommet d’un réverbère : c’est un avis de recherche pour un chien perdu, du nom de Bob, offrant cent dollars de récompense à qui le rapporterait à son propriétaire. L’affiche représente le dessin naïf d’un bull terrier encadré par ces mots : « $ 100 Reward for friendly “Bob” the Bull Terrier wanted ».
C’est aussi à cette époque où il rencontre Andy Warhol avec qui il envisage un travail artistique autour de l’image du chien : une série de sérigraphies sur le chien perdu. Mais cette collaboration s’interrompt brutalement à la suite de la mort d’Andy Warhol, le 22 février 1987. Trois jours plus tard, Aurèle Ricard expose à Paris à la galerie Duval Dunner, une représentation de l’affiche du « chien perdu » construite à
partir de goudron fondu et de morceaux de métal récupérés sur le chantier du pont Caulaincourt à Paris, alors en restauration. En devenant le premier hommage public au pionnier du pop-art, l’exposition annonce la fin de l’art industriel, et le « chien perdu en goudron » est qualifié de « première œuvre d’art post-industrielle ». La même année, à New-York, il nomme et fonde le Service industriel du dollar artistique (S.I.D.A) et crée la revue Polazine.
En 1988, Aurèle quitte momentanément Paris pour s’installer au moulin de la Caze dans l’Aveyron à Naussac où il crée la fondation I.A.C (Information Antécédent Comportement) (International Aurèle Corporation) : un espace de création et d’exposition en art contemporain. Là-bas, il travaille, entre autres, à la série S.P.A (Symbole Pirate Ajouté – Sans Parler des Autres – Sans Prétention Aucune – Saga Protectrice de l’Art) qui montre le parcours du chien Bob, perdu dans l’œuvre des grands de l’histoire de l’art contemporain (Arman, Marcel Duchamp, Raymond Hains, Yves Klein, Bertrand Lavier, Andy Warhol…).
En 1989, la galerie Lara Vincy l’invite à exposer la série S.P.A à Paris. Cette série donnera lieu à un ouvrage intitulé SPA réalisé sur une initiative du critique d’art Pierre Restany rencontré quelques années plus tôt. Toujours en 1989, Aurèle se lie d’amitié avec Jacques Villeglé qui le met en relation avec la galeriste belge Sabine Wachters chez qui il expose, un an plus tard, une rétrospective qui couvre quatre années (1986-1989) de sa production sur l’image du chien Bob. Parallèlement, il participe à plusieurs expositions collectives en France et à l’étranger.
En 1991, il est invité à présenter ses œuvres chez le galeriste américain Léo Castelli. Le 22 février de la même année, à Paris, en hommage à Andy Warhol et à Yves Klein, il illumine de jaune l’obélisque de la Concorde à Paris en disposant des feuilles de gélatines colorées devant les projecteurs qui entourent le monument. Cette performance donne lieu à un film, Yellow Obélisque, réalisé par l’artiste Yuris Lesnik. C’est aussi à cette époque qu’il commence une collaboration régulière avec la styliste Agnès b. : fort du succès de l’exposition « Think or Thanks a lot » présentée à la galerie du jour en 1995, Agnès b. lui propose de prolonger l’exposition dans sa galerie tokyoïte, la B. Yourself Gallery. L’année suivante, Aurèle Ricard se rend pour la première fois au Japon où il présente Plein Soleil. L’exposition devient itinérante et s’enrichit de nouvelles pièces réalisées en direct. Cette expérience donnera lieu à l’exposition « Aurèle » au musée d’art moderne (MOMA) de Fukuoka en 1997.
C’est aussi à cette période qu’Aurèle Ricard est invité au château de Bionnay, par le curateur Morgane Rousseau et y résidera une année. Ensuite il découvre l’Inde. Il crée en 1996, à Goa, un hôtel qu’il baptise le Ninon de la Caze Hermitage, et lance la construction, avec Petr Kavan, d’un atelier de sculptures au sud de l’Inde, à Mamallapuram, dans l’État de Tamil Nadu. L’atelier est mis en fonction en 1998 : une dizaine de personnes y travaille en permanence la fameuse pierre de granit bleu. L’année suivante, Aurèle réalise une sculpture monumentale, Jungle Big Heart, pour l’école des beaux-arts d’Auroville.
En 1999, lors d’un voyage à New York, Aurèle Ricard fait la connaissance de la photographe américaine Nan Goldin, chez qui il s’installe et travaille avec sa compagne de l’époque, Joana Preiss. Le fruit de cette collaboration triangulaire donne naissance au film La Ballade de l’Amour présenté pour la première fois lors de l’exposition « Dire Aids » au musée d’art moderne de Turin en 2000.
En mai 2005, Aurèle participe à la foire internationale d’art contemporain de Shanghai. Il fait la connaissance de Pia Pierre, directrice et propriétaire de la galerie Hong Merchant, qui, à la suite de l’enthousiasme du public chinois, l’invite à exposer à la seconde session de la foire, en automne. Entre-temps, Aurèle Ricard participe à l’exposition collective « Two Europe Two Asia » au musée d’art contemporain de Duolan de Shanghai. La même année, en France, avec la galerie Lara Vincy, il expose à la Fiac de Paris ; il organise une exposition personnelle « LoveLoveLove » à l’espace Michel Klein (Rive Gauche) et participe à deux expositions collectives : « Yo to be Gitan » avec Fred Sathal au palais de Tokyo à Paris, et « Animalités » au musée des Arts Georges Pompidou de Cajarc. Toujours en 2005, Aurèle Ricard fonde les éditions I.A.C (Information Antécédent Comportement), et réalise six chiens en bronze laqués du jaune de chrome no 2 (IAY) dans le cadre d’une commande publique initiée par le musée des beaux-arts Denys-Puech de Rodez.
En 2006, outre sa participation à plusieurs expositions collectives, l’artiste expose dans trois foires d’art contemporain internationales (Art Paris, Art first de Bologne, Art Fair de Shanghai) ainsi qu’à la biennale de sculpture urbaine de Shanghai, ville dans laquelle il décide, la même année, d’établir un atelier.
The yellow LostDog d’Aurèle Ricard à Art Paris 2006, Paris, Grand Palais.
En 2007, en vue de l’Exposition universelle de 2010 à Shanghai, Ricard et l’architecte français François Scali présentent le projet d’élever, dans le quartier moderne de Pudong de Shanghai, le chien perdu à l’échelle d’une tour de 80 mètres de haut en résine translucide et lumineuse. The Yellow LostDog abriterait un parcours-musée (le LostDogMuseum) ayant pour double vocation de prévenir et d’informer en conservant tout ce que l’homme détruit, perd et a déjà perdu dans sa course effrénée à la modernité : un musée « de la ville perdue et des cités englouties ». Cette proposition comprenant 4 300 m2 de surface sur huit niveaux est restée à l’état d’étude.
En 2009, Ricard est invité par l’État français et de la COFRES (Compagnie française pour l’Exposition universelle de Shanghai) à participer à l’Exposition universelle de 2010 à Shanghai (« Meilleure ville, meilleure vie ») sur le thème du développement durable et des « nouvelles » technologies de l’environnement en milieu urbain. Pour l’occasion, il crée, à l’aide d’ingénieurs chinois, une sculpture végétale géante : un chien de 4,5 mètres de haut recouvert d’une sélection de plantes dépolluantes : (LostDogCo2), largement inspirée de l’œuvre Puppy de Jeff Koons(1992). « C’est une sculpture de verdure faite de plantes dépolluantes », explique Ricard, « C’est aussi le prototype d’une nouvelle génération d’œuvres d’art actrices de leur propre message ». Parallèlement, le gouvernement chinois et la ville de Shanghai lui remettent, cette année-là, le prix du sculpteur de l’année à la Art Fair de Shanghai.
En 2010, sa sculpture LostDogCo2 a été présentée du 1er mai au 31 octobre à l’Exposition universelle de Shanghai dans l’atrium du pavillon français7 au côté des œuvres des trois autres artistes, Zao Wou-Ki, Yan Pei-Ming et Chen Zhen, retenus pour représenter la France à l’exposition.
La même année, l’artiste ouvre une LostDog Gallery9 dans le lieu Le Passage, un important complexe situé au cœur de la ville de Shanghai dans le quartier des arts de Moganshan. Aurèle Ricard véhicule un message d’urgence et de résistance dont le chien perdu est le symbole.
Toujours en 2010, à l’occasion d’Art Paris, la galerie Nathalie Gaillard présente sous la nef du Grand Palais une œuvre monumentale GiantLostDog recouverte de feuilles d’Or ainsi qu’une œuvre d’art virtuelle « LostDogConnection » réalisée en association avec Publicis Dialog. Ce projet ouvert à tous est une collection de vidéos réalisées par Aurèle : la collection de toutes les réponses à une question simple mais profonde : « Et vous, qu’avez-vous perdu ? ». Le projet fût repris à l’automne dans le parcours officiel de Nuit Blanche à Paris.
En 2011, Aurèle présente chez Lara Vincy « Chantons sous la pluie » une série consacrée aux pluies acides de Fukushima dans laquelle ses LostDogs pleurèrent des larmes de paillettes. La même année, la ville de Rodez et le Musée Denys-Puech lui proposent une carte blanche pour l’été 2012. Vingt ans après sa première rétrospective « Devoir d’ingérence ou délit d’initié ? », Aurèle signe une œuvre ouverte, participative et collaborative aux dimensions monumentales intitulée « L’Art, c’est les Autres ». L’exposition consista en l’installation, la transformation en direct et l’exposition-parcours éphémères dans l’espace public de quatre sculptures monumentales GiantLostDog. Parallèlement, une armée de cent-vingt chiens investirent le sous-sol du musée pour une exposition intitulée « L’Utopie de vouloir conclure ».
En 2013, Aurèle voyage entre l’Italie où il produit ses premiers marbres de Carrare et participe à la Biennale de sculpture de Pietra Santa et Hong-Kong où il prépare un projet pour le parcours officiel du French May Festival (2014). En collaboration avec Héritage 1881 et Avenue des Arts Gallery, il présente au milieu d’un jardin à la française reconstitué pour l’occasion deux sculptures monumentales à Tsim Sha Tsui. Avec « No other future but the future » l’artiste reprend deux thèmes qui lui sont chers. Le LostDogCo2 véritable œuvre d’art actrice de son propre message nous montre l’urgence mais propose surtout une voie pour les générations futures, l’autre œuvre GiantYellow présentée est transformée avec des enfants en direct.
En 2015, Aurèle produit ses premiers bronzes monumentaux et se consacre à la réalisation de sa monographie. En 2016, Aurèle est décoré des Arts et Lettres.
Galerie
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